29 avril 2013
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Les grands miroirs ouvraient la porte d’un monde limpide que leur onde nappait de lumière.
J’y entrais comme dans un songe d’oubli.
J’aimais les miroirs au teint défait.
Dans les nuées grises de leurs lacs troublés, je voyais d’étranges horizons, des dentelles de montagnes, des profondeurs de forêts, des chemins de mystère.
Série de 6 livres d'artiste
Création à partir du catalogue hiver 2012 Naf Naf
23 sur 15,5 cm
encre, gouache, fil, tissu, papier.
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Livres d'artiste
25 avril 2013
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L'Olympic Café
Paris La Goutte d'Or
07/03/2007
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carnets de vie : le temps
22 avril 2013
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Dans la maison de campagne de mes parents, enfant, j’aimais boire l’eau des miroirs aux reflets d’argent.
Série de 6 livres d'artiste
Création à partir du catalogue hiver 2012 Naf Naf
23 sur 15,5 cm
encre, gouache, fil, tissu, papier.
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Livres d'artiste
18 avril 2013
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Les Lucioles
Paris Ménilmontant
04/03/2007
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carnets de vie : le temps
15 avril 2013
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Ils peuvent rester sept ans, ils peuvent rester trois nuits ; ils sont passés un jour devant ma porte. Certains ont dû frapper fort pour se faire entendre. D’autres ont renoncé et sont partis sur la pointe des pieds. Il y en eut même qui voulaient s’installer.
Car les amants sont souvent inconscients des dangers.
Ils m’ont montré de la vie ce qu’elle a de magique et de tragique, tout en passant mes illusions au bulldozer. J’ai ri de leurs mensonges et pleuré de leur tendresse et aussi l’inverse. Pour eux j’ai chanté et dansé ma jeunesse. Ils m’ont dénudée et parfois mise à nu. Ils m’ont révélé le désir de vivre et tout de suite après, l’envie de mourir.
Et, quoi qu’il arrive, les amants s’endorment profondément.
Je leur ai offert des trésors dont ils n’ont toujours pas idée ; j’ai gardé d’eux des souvenirs brillants et coupants comme des éclats de verre brisé ; j’ai découvert les dialogues de sourds et les transmissions de pensées ; j’ai mis tant d’années à décrypter l’obstination de leurs silences désemparés ; j’ai mis tant d’années à comprendre comment leur parler.
A croire que les amants viennent d’une autre voie lactée.
J’ai refusé de les attacher. J’ai refusé de leur mentir et de les tromper. J’ai voulu d’eux la confiance la liberté la passion et la vérité.
Mais, des amants, il ne faut pas trop exiger.
Aujourd’hui tranquille, je les regarde passer. Je devine qu’ils devinent que je les devine ; nous sommes de vieux amoureux. Je suis libre grâce à eux, qui m’ont appris de force à survivre à la détresse.
Aux amants, merci pour les caresses.
11 avril 2013
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Le Divan du monde
Paris 18e
06/07/2006
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carnets de vie : le temps
8 avril 2013
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Mon père, que vous avez de larges épaules !
C’est pour mieux porter le monde, mon enfant.
Mon père, que vous avez de longs bras !
C’est pour mieux t’entourer mon enfant.
Mon père, que vous avez de grandes mains !
C’est pour mieux flanquer des baffes, mon enfant.
Mon père, comme vous criez fort !
C’est parce que j’ai toujours raison, mon enfant.
Mon père, comme je vous ai craint !
C’était pour mieux avoir la paix, mon enfant.
4 avril 2013
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carnets de vie : le temps
1 avril 2013
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Et que l'amour suive l'amour d'inconsolés soleils suivi
là-haut où tout n'est que pierre
amoureux des pentes douces sorcier des brusques eaux
que la nuit grelotte au fond de cale
que tu puisses sortir des poches des cocotiers
les mouchoirs volants où sourdent les voeux des voyageurs sans lune
sur les difformes illusions et les entrepots des races
la pluie met sa bâche de serre
et le cotre grandi au sein de corail becquète le récif
les yeux mouillés en rade de découragement qui t'attendent
là-haut où tout n'est que pierre
et s'en détournent avec indifférence
2001
Livre d'artiste -
collages de monotypes aux pigments, papiers faits main, plastique, tissu -
vers de Tristan Tzara
dimensions : 25cm / 25cm
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Livres d'artiste
28 mars 2013
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Concerts et jardins
Musée de Montmartre Paris 18è
16/06/2006
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carnets de vie : le temps
25 mars 2013
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Au dernier repas, le jeune chauffeur qui nous a conduit pendant tout le voyage, se lève pour porter un toast. Il a toujours aux lèvres un sourire d’enfant. Emu, fragile, il nous remercie de notre joie. Il nous envie de pouvoir rire, chanter, danser avec tant d’insouciance. Il nous envie notre belle liberté. Quelle est sa vie ?
Sur la plage du Fleuve Jaune, j’ai rêvé de la mer, mais j’ai dessiné des ponts.
Maintenant, je leur ai donné le bal, dit Li.
Et la brume du soir efface la ville.
D09
Et c’est pourquoi ce détour est en même temps l’accès.
François Jullien
Le détour et l’accès, stratégie du sens en Chine, en Grèce
Jinan, Province du Shandong, août 2012, année du Dragon d’eau.
Voyage avec dix Carnettistes tribulants et Huang Li, organisatrice et traductrice.
21 mars 2013
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Fanfare
Square Rachmaninov Paris 18è
15/06/2006
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carnets de vie : le temps
18 mars 2013
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Assise avec Frede sur le bord du petit canal, je dessine, je papote. Et puis soudain j’aperçois un de mes dessins partir au fil de l’eau. Frede et moi le regardons voguer, les bras ballants : il est trop loin pour être rattrapé. A ce moment précis, inattendu, un homme descend du ciel, porteur de deux longues perches de plusieurs mètres. Frede lui saute au bras et gesticule tant et si bien qu’il comprend l’intervention urgente dont nous avons besoin… car le dessin continue sa route aventureuse. Il récupère avec délicatesse le papier gorgé d’eau que je mettrai deux jours à faire sécher. Le dessin a acquis une patine que seul le risque peut créer ; il est devenu peau.
14 mars 2013
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La mer en hiver
m'enveloppe de lumière
grise mon corps
s'endort
11 mars 2013
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Je suis venue avec quinze kilos de bagage, je repars avec trente-deux kilos de matériel, comment ai-je fait ? Comment un cœur vide peut-il peser si lourd ?
Dans le vieux centre de Jinan, courent les canaux d’eau froide. Au Bassin du Mandarin, les vieux se baignent en riant. Ils bombent le torse, rigolards sur les photos. Ils ont l’air heureux.
- Vous avez remarqué que je ne parle plus d’aller se baigner ? dit Alma.
7 mars 2013
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Impressions d'une plaque cousue sur papiers marouflés sur toile
Série de 4 toiles
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peintures
4 mars 2013
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Le chantier de la nouvelle gare et de l’opéra de Jinan est dirigé par une femme. Sur des kilomètres carrés, un entrelacs de réseaux et une érection de buildings. Des centaines d’ouvriers travaillant dur dans un univers chaotique de métal et de boue. Un combat yang supervisé par un regard yin. Du haut du vingt-cinquième étage d’un immeuble en construction, j’ai le vertige et l’impression désolée que cette ville pourrait s’étendre à l’infini.
Frede trouve sur la terre ferme du chantier un cercle rouillé, un élément de moteur qu’elle me donne. La matière orange poudre mes mains. Je le couds dans mon carnet et sa matérialité brute imprime sur la page qui lui fait face une auréole immatérielle au-dessus de la tête d’un Bouddha.
28 février 2013
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Au Carillon
Paris 10è
02/04/2006
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carnets de vie : le temps
25 février 2013
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Jinan est une rivière, une femme couchée entre les bras des montagnes de l’Est – humide, tiède et douce – voilée, dévoilée, aimée du vent. Au ventre de Jinan, dans les entrailles bouillonnantes de la ville mêlées à la laitance du ciel : la gestation de la terre. Sous chacun de nos pas, coulent les vies du Shandong.
21 février 2013
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Chez Sylvain
Paris 9è
04/03/2006
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carnets de vie : le temps
18 février 2013
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Jinan, ville des sources vives sous le ciel gris, ville de pluie, ville d’amour du ciel à la terre dans la brume des eaux.
Le Bouddha du Temple du rocher de l’âme est assis sur un énorme lotus grand ouvert en forme d’oursin pourpre. A son oreille murmure un personnage volant. Autour de lui, les moines sortis du cimetière des stèles, s’entretiennent en silence. Du haut de son hérisson géant, le Bouddha sourit distraitement.
Quand on dessine dans la rue, dans les jardins, les passants s’arrêtent, s’approchent, s’agglutinent, vous regardent, vous entourent, vous prennent en photo, se penchent sur votre épaule, commentent votre travail, examinent votre matériel, finissent par vous masquer le sujet même. J’ai vu avec effarement des groupes entiers de touristes chinois se ruer vers moi les yeux brillants, appareils photo pointés en avant.
A un moment donné, exaspérée, j’aboie. Tout le monde se disperse rapidement.
Un balayeur du temple, prudent, m’observe de loin. Sa réserve circonspecte me touche et je vais le chercher.
14 février 2013
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Le Limonaire
Paris 9è
03/03/2006
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carnets de vie : le temps
11 février 2013
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Je n’ai pas réussi à éclaircir le concept chinois du romantisme français. Quand les Chinois tentent une explication, l’idée reste nébuleuse, rêvent-ils de sexe ou d’eau de rose, est-ce par pudeur ou par ignorance, est-ce qu’aucun mot ne saurait dévoiler un fantasme, car il passe alors dans leurs yeux comme une lueur de béatitude, un mystère indéfinissable.
Rouge de Chine, profond comme du sang séché.
Le directeur au-dessus du directeur qu’est Dabao, est un homme charmant, accueillant, souriant. Il nous offre un grand repas clôturé par de gros gâteaux à la crème décorés de cerises confites et de chocolat comme on n’en voit jamais dans les agapes chinoises. Son épouse est photographe professionnelle, chargée de suivre notre voyage. On l’appelle Tu Tu. Elle est forte et drôle, riante et chantante, généreuse et curieuse, libre. Elle a traversé seule le Tibet plusieurs fois. Elle se conduit comme elle l’entend. Elle me dit souvent que je suis belle. Elle nous offre à chacun juste avant notre départ un gros livre des photos de notre séjour, qu’elle a fait imprimer dans la nuit, habillé d’un tissu chinois qu’elle est allée choisir elle-même au marché et que sa vieille mère a ourlé pour nous.
7 février 2013
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La Maroquinerie
Paris 20è
02/12/2005
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carnets de vie : le temps
4 février 2013
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Le marché aux puces de Jinan foisonne de vrais faux objets récents anciens, et c’est un plaisir de se balader dans la foule en regardant tous ces petits étals attirants. Je vois un joli couple de bronze à un prix faramineux. Je trouve des pendentifs, des perles, des pierres. Une petite femme de jade, assise les bras entourant ses genoux d’un geste tendre, souriante, rêveuse, la tête penchée, les cheveux relevés en chignon, nue et les petits seins pointus qui ne ressemblent à rien si ce n’est aux miens – me touche. Le vendeur demande cinq cents yuans, je propose cent, il s’étrangle. Je le laisse se rétablir et continue mon petit tour. Quand je repasse, il me rappelle, on rit, on discute, il veut cent cinquante, je ne la prendrai qu’à cent quarante, il se laisse faire. Autour de nous, j’amuse la galerie, les vendeurs voisins sont hilares.
On entre dans la brume de Jinan comme dans un hammam, comme dans un bain brûlant. Lentement. Elle vous prend dans ses bras d’amoureuse ; elle est chaude sur la peau nue. Et le corps s’abandonne dans cette moiteur douce.