Jour / nuit
Recto / verso
Accès / détour
Bien / mal
Droit / tangent
Blanc / noir
livre d'artiste
papier, gaze, encre, peinture, fil, cheveux
2013
Jour / nuit
Recto / verso
Accès / détour
Bien / mal
Droit / tangent
Blanc / noir
livre d'artiste
papier, gaze, encre, peinture, fil, cheveux
2013
Face / dos
Exposé / occulté
Conscient / inconscient
Homme / femme
Ventre / fesses
livre d'artiste
papier, gaze, encre, peinture, fil, cheveux
2013
Encore l’envers des corps
Poésie du détour
Mémoire des nœuds
Emmêlements et raccommodages cachés
Endroit / envers
Visible / invisible
Positif / négatif
Public / privé
Regard / oubli
livre d'artiste
papier, gaze, encre, peinture, fil, cheveux
2013
Au corps ficelé d'angoisse.
Ce que le cerveau angoissé fait au corps.
Transe trouble émotion frisson secousse convulsion soubresaut vibration
Transmigration de l’âme humaine en animal pur
Le silence des bêtes est profond à notre pensée. Comme l’animal ne parle pas, l’homme se demande s’il pense et même s’il ressent.
Alors l’anima de l’animal doucement chante.
Le corps humain entre en symbiose avec le corps animal. Il retrouve les sensations de son passé enfoui, il embrasse ses désirs refoulés. Le thériocéphale s’étire et rugit.
Mais cette jouissance s’empoisonne, car l’hybridation est un conflit. De l’animal et de l’homme, chacun est à la fois proie et prédateur. Chacun est la terreur de l’autre.
L’animal sauvage, silencieux, obstiné, refuse l’homme et lui résiste.
L’animal domestique semble à la fois familier et étranger. Sans lui l’homme ne peut se soustraire à son destin bestial. En labourant la terre, l’apprivoisé dessine le champ civilisé, repousse la forêt indomptée et la tient à distance. Il offre à l’homme une prise sur le mouvant et l’aléatoire de la nature. Il ordonne le chaos du monde. Il accepte de devenir symbole.
Sur son dos grimpe l’homme pour s’approprier l’univers et toucher les étoiles. Vaniteux, inconscient, il en oublie ses origines animales et rêve de devenir un dieu.
L’animal s’incarne dans la chair de l’homme et cette altération corporelle est une transfiguration spirituelle. Parce que l’animal apparaît, les dieux doucement s’approchent.
La Bête sacrifiée marche sur les chemins de la mort et interfère pour le salut de l’homme. L’animal, silencieux à la pensée humaine, sait pourtant parler au ciel. Alors les dieux écoutent la fumée de ses os.
L’animal sort du corps de l’homme et l’emmène ailleurs. Il le défait de ses vêtements trop étroits, le corps devient métissage et voyage. L’homme s’animalise, s’échappe libre et nu. L’imagination enfle son souffle, l’instinct s’éveille. La métamorphose a ses marées. Toujours la Bête attend sous la peau lisse que la griffe perce.
Transe de la chair que la fièvre convulsionne. L’émotion se lève au corps, s’emporte et devient vague d’océan, aile d’oiseau, poids d’éléphant. Les vibrations humaines s’échappent et s’évaporent en images animales. Parce que l’âme frissonne, le corps se souvient du lion couché sur la lionne, du loup courant dans la plaine, de la proie qui tombe, de la mort qui glace. S’incarne l’animal pur, dans les états intermédiaires que la raison troublée veut oublier.
Ecoute le corps de l’homme. Il s’enfonce dans l’eau noire du puits du temps. Il se souvient de ses griffes, de ses poils, de ses dents. Le spectre de la Bête lui colle aux reins. Elle le dévore en même temps qu’elle le ressuscite. Regarde le corps de l’homme errer au cœur des ombres irréductibles de sa mémoire. Il hurle à la lune, il appelle ses ancêtres, et des yeux jaunes luisent dans les ténèbres animales.
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