Jinan, ville des sources vives sous le ciel gris, ville de pluie, ville d’amour du ciel à la terre dans la brume des eaux.
Le Bouddha du Temple du rocher de l’âme est assis sur un énorme lotus grand ouvert en forme d’oursin pourpre. A son oreille murmure un personnage volant. Autour de lui, les moines sortis du cimetière des stèles, s’entretiennent en silence. Du haut de son hérisson géant, le Bouddha sourit distraitement.
Quand on dessine dans la rue, dans les jardins, les passants s’arrêtent, s’approchent, s’agglutinent, vous regardent, vous entourent, vous prennent en photo, se penchent sur votre épaule, commentent votre travail, examinent votre matériel, finissent par vous masquer le sujet même. J’ai vu avec effarement des groupes entiers de touristes chinois se ruer vers moi les yeux brillants, appareils photo pointés en avant.
A un moment donné, exaspérée, j’aboie. Tout le monde se disperse rapidement.
Un balayeur du temple, prudent, m’observe de loin. Sa réserve circonspecte me touche et je vais le chercher.