«« (…) Et que l’Amante renversée dans ses enveloppes florales livre à la nuit de mer sa chair froissée de grande labiée ! »
« (…) Et le jour rétrécit, et la nuit élargit, cet œil immense qui t’occupe… »
Saint John Perse
Amers
Qu’y a-t-il au creux mystérieux des femmes ? Quel or, quelle pierre précieuse, quel trésor inestimable le rend si désirable aux mains des hommes, au point que toutes leurs quêtes à cette chaleur les ramènent ?
Au creux des femmes, il doit y avoir une bouche, qui chante le chant des sirènes aux marins égarés, qui pousse le cri de l’âme sur la mer étale. Et cette bouche a des lèvres roses et douces, un peu chiffonnées par les bouches assoiffées des hommes, depuis tant de siècles qu'ils s'y désaltèrent. Entre ces lèvres bien sûr, il y a des dents ; sinon qu’est-ce qui arrêterait l’avidité masculine ?
Au creux des femmes, il doit y avoir un œil, ouvert sur l’univers, fermé sur la nuit des temps. Certains hommes osent le regarder en face, pour voir d’où ils viennent et où ils vont.
Puisque le verbe se fit chair, au creux des femmes doit se trouver une oreille, qui entend l’appel des hommes dans la nuit et la parole des dieux quand ils ont quelque chose à dire.