La pensée chinoise sinueuse s’enroule autour de la pensée occidentale directe. Le détour et l’accès, l’envers et l’endroit. Un détour par l’envers pour un retour à l’endroit.
Je pense aux détours des pensées dissemblables et je couds. Je couds le papier du fil de la pensée, pour qu’il traverse l’endroit et crée l’envers. Je laisse au fil des pages des traces d’une image déjà vue, un vague souvenir inversé, qui devient le reflet d’une autre présence, d’un autre rêve. Je couds la brume et le vol du dragon. Je couds pour tracer l’invisible au fond du miroir.
La Chine est grise, mouvante derrière ses voiles. D’un gris si doux.
Je couds le sous-entendu, l’entendu du dessous du papier, le désir murmuré, l’envers de la pensée. Je révèle l’envers du tissu, je montre la face cachée, celle des nœuds et des emmêlements, car c’est de l’obscur qu’éclate la lumière. Je dévoile le yin au yang.
« Détours et retours - ce travail est un cheminement » écrit François Jullien.
Je pique sur la même feuille de papier, la pensée occidentale au recto et la pensée chinoise au verso. Je passe alternativement d’un côté à l’autre du papier, de l’Ouest à l’Est, de l’endroit à l’envers du monde. Et dans ce parcours zigzagant, j’embrasse point après point les tours, les détours et les retours du réel ineffable. Je dentelle à la lueur d’une poésie lunaire.
Li dit : Je ne sais pas si c’est de l’art ou des cochons.