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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 00:00

 

 

 

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Le sang séché perd son éclat et s’éteint.

Comment se vêtir de la lumière du soleil levant

Pour être le plus beau le plus riche le plus grand ?

Il faut chercher au suc des insectes broyés, à la substance des plantes écrasées, à l’oxydation du métal, à la poudre des terres brûlées.

Il faut en appeler à la matière de la vie.

 

Certains magiciens recueillaient le sang mêlé d’un dragon et d’un éléphant, qui s’entretuaient dans un combat fantastique.

 

10-C2-26-04 04 10R

 

Ce rouge ne pouvait parer que le front des rois.

25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 00:00

 

A un piment ajouter des ailes : une libellule rouge !

Matsuo Munefusa dit Bashô

 

10-C2-18-15 04 10R

 

L’enfer est écrevisse

le désir cerise

et le péché groseille

 

10-C2-37-22 04 10R

 

Rouge orgiastique et libérateur :

la couleur du vin

du piment, des coccinelles,

des pommes venimeuses

des lanternes des maisons closes

des femmes ouvertes comme des abricots mûrs

 

10-C2-43-22 04 10R

 

En Occident le rouge dénonce la faute,

en Chine le rouge annonce le bonheur et la chance

mais c’est toujours le même rouge

car c’est le même chemin humain

 

10-C2-07-01 04 10R

 

Tranquillement assises, les femmes Tang aux belles joues, peignaient leurs ongles de la sécrétion rouge de lézards nourris de vermillon.

 

10-C2-11-04 04 10R

 

 

 

 

 

 

 

 

 

191# Dans les plis du carnet : Rouge Chine (1)

193# Dans les plis du carnet : Rouge Chine (2)

197# Dans les plis du carnet : Rouge Chine (3)

199# Dans les plis du carnet : Rouge Chine (4)

 

 

 

7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 00:00




 

 

Il n’est pas bon que l’homme demeure seul. Il n’y a que Dieu capable d’habiter les solitudes éternelles.

Est-ce bon que Dieu reste seul ? En tous cas, il vaut mieux être deux face à Dieu.

 


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L’homme n’était que Nature.

 

Eve créée, alors Adam devint humain.

Par Eve apparaît le besoin, le plaisir et l’ombre inconnue de la nuit qui inquiète l’apparence des choses. En elle s’ouvre la profondeur comme un chemin de retour.

 

 

Adam n’est plus semblable dans son unicité au thaumaturge.

 


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La création d’Eve est la création des sexes, l’apparition de la coupure, de la séparation. Jusqu’à atteindre un jour la solitude essentielle de l’individu qui le laisse sans dieu et sans compagnon.

 

Cependant dit la Bible, en redevenant une seule et même chair, l’homme et la femme, (même s’ils ne se comprennent pas), retrouvent le chemin du paradis et entrevoient une parcelle d’éternité.

 

Faites l’amour, Dieu vous le rendra.

 

 

Adam n’a rien vu de la naissance d’Eve mais la reconnaît immédiatement comme son attache. Pour Eve, il aurait quitté la mère qu’il n’a jamais eue. Pour Eve, il sent déjà qu’il lâchera son père.

 


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Eve ne sera nommée qu’après la Chute, quand elle sera devenue entièrement femme.

EVE aux lettres symétriques, portant déjà en son nom toute la science des miroirs.

 

 

 

 








162# Dans les plis du carnet : la création d'Eve (1)
164# Dans les plis du carnet : la création d'Eve (2)



31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 00:00



 

 

09C6-20-19 09 09 redimensionner

 

Eve est née d’un rêve.

Le premier sommeil de l’être, la première nuit du monde.

Eve est sortie des ténèbres.

Le premier manque de l’homme.

Cette femme incarne le désir originel. L’apaisement d’un besoin immanent.

Eve n’est qu’un rêve.

 

Car il faut à toute création, non seulement une matière et une action, mais avant tout un songe, un désir, une souffrance.

 

Toute œuvre est une création d’Eve.

 

 


09C6-22-19 09 09 redimensionner

 

La chair d’Eve est pétrie à la fois de réalité et d’imaginaire. C’est pourquoi sa peau est si douce. Eve qui ne sait pas qu’elle est nue, montre le rose de ses roses et le blanc de son ventre.

 

Eve éjaculée d’Adam inconscient en extase,

Adam accouché de son désir en Eve,

l’unique mâle qui enfantera de toute l’humanité.

 

Adam ne connut pas les bras maternels et rêva d’un ventre où se blottir.

 


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Adam et Eve sont les seuls humains sans nombril.

 

 

 

 

 162# Dans les plis du carnet : la création d'Eve (1) 

24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 00:00



 

09C6-10-27 08 09 redimensionner

 

Le Seigneur Dieu forma donc l’homme du limon de la terre ; il répandit sur son visage un souffle de vie, et l’homme devint vivant et animé.

(…) Le Seigneur Dieu prit donc l’homme, et le mit dans le paradis de délices, afin qu’il le cultivât, et qu’il le gardât.

(…) Le Seigneur Dieu dit aussi : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; faisons-lui un compagnon semblable à lui.

Le Seigneur Dieu ayant donc formé de la terre tous les animaux terrestres et tous les oiseaux du ciel, il les amena devant Adam, afin qu’il vît comment il les appellerait. Et le nom qu’Adam donna à chacun des animaux est son nom véritable.

Adam appela donc tous les animaux d’un nom qui leur était propre, tant les oiseaux du ciel que les bêtes de la terre. Mais il ne trouvait point de compagnon qui lui fût semblable.

Le Seigneur Dieu envoya donc à Adam un profond sommeil ; et lorsqu’il était endormi, il tira une de ses côtes, et mit de la chair à la place.

Et le Seigneur Dieu, de la côte qu’il avait tirée d’Adam, forma la femme, et l’amena à Adam.

Alors Adam dit : Voilà maintenant l’os de mes os, et la chair de ma chair. Celle-ci s’appellera d’un nom qui marque l’homme parce qu’elle a été prise de l’homme.

C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils seront deux dans une seule chair.

Adam et sa femme étaient alors tous deux nus, et ils n’en rougissaient point.

Genèse II 7, 15, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25

Et Adam donna à sa femme le nom d’Eve, parce qu’elle était la mère de tous les vivants.

Genèse III 20

 

 


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Dans cette version de la Genèse, Dieu ne crée pas le masculin et le féminin de la même manière. L’homme est un pot de terre, une cruche façonnée par les mains du potier. La matière dont est tirée la femme est déjà humanisée.

 

C’est un os, une côte de l’homme.

Un truc rigide, long, pas un peu de chair molle.

 

Un os, pour retirer à Adam un peu de dureté et la remplacer par un peu de douceur ;

Un os, comme une architecture, une force, un morceau d’éternité ;

Une côte, comme une moitié, une respiration de la conscience, un soupir du cœur,

comme une arête.

 


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Apparemment, Dieu ne pensait pas fabriquer un sexe faible.

 

 

 

Ainsi, à l’origine, Adam avait treize côtes, quelle idée, et la création d’Eve lui permit d’atteindre la symétrie, de devenir proportionné, équilibré, stable, pondéré, raisonnable, adulte en somme.

 

 


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Dieu prit un os courbe, pour être sûr de réussir la chute des reins.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bibliographie : la création d’Eve, Jean-Louis SCHEFER, Henri-Dominique SAFFREY, Jean-Claude LEBENSZTEJN – Editions Desclée de Brouwer, collection Triptyque.

 

 

 

 

28 décembre 2009 1 28 /12 /décembre /2009 10:16



Car aussitôt qu’elle est avec vous, vous la séparez de vous ; aussitôt qu’elle vous connaît, qu’elle fond à vos pieds et qu’elle se lie à vous comme à sa vie et à son amour, vous l’éloignez de vous et l’obligez à manquer ou à son amour ou à son obéissance. (…) Au même instant qu’elle vous trouve, elle trouve en vous une pierre plus dure que celle du sépulcre, que vos anges lui ont ôtée.

Elévation sur sainte Madeleine (1627)

 


 

 

 

Jésus ressuscité n’est plus un homme ; c’est un être divin qui monte au ciel.

La main de Madeleine porte en elle tous les regrets de l’amour sensuel, le mystère insondable de la chair, la douceur et la chute. La main de Madeleine humanise celui qu’elle touche.

Et Jésus le sait qui la tient à distance de peur de tomber.

 

Le plaisir rend mortel.

 

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Entre elle et Lui, c’est le vide qui se pose. Le vide qui dessine leurs corps, qui dévoile leurs pensées. Dans les bras de Marie Madeleine s’arrondit l’espace. Elle embrasse l’air entourant le Christ ; elle perce le néant pour atteindre la chair. Alors, Jésus construit une vacuité angulaire comme un rempart protecteur.

 

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Dans ce creux entre eux danse le désir, soufflant sur leur peau des caresses de plumes, des vibrations d’étoiles.

 

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Car si son corps avait été mort, il t’aurait appartenu.

Enfin.

Mais toujours un jour, le corps vif s’échappe des mains des amoureuses. Madeleine, dès le début, tu le savais.

 

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Le chemin spirituel, Marie La Magdaléenne le prendra parce qu’elle n’a pas le choix. La vie et la mort désunissent les corps de tous les amants du monde. Comment survivre ?

L’enlaçante silencieuse ne sera plus touchée par une main mais par une parole, qu’elle ira répandre comme autrefois ses parfums. Une pensée théorique de l’amour pour une religion du verbe. L’absurde oxymore d’un amour séparant.

 

 

Mais, aux grandes amoureuses, aucune promesse eschatologique ne remplacera l’odeur d’un amant, aucune théorétique ne comblera l’absence de caresses.

Dans tous les cas, Madeleine mourra d’aimer.

 

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Tous les dessins de cette série sont des études de tableaux appartenant à l’histoire de l’art.



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109# Dans les plis du carnet : pensées serpentines autour de Marie Madeleine (1)
111# Dans les plis du carnet : pensées serpentines autour de Marie Madeleine (2)
113# Dans les plis du carnet : pensées serpentines autour de Marie Madeleine (3)
115# Dans les plis du carnet : pensées serpentines autour de Marie Madeleine (4)

 
10 décembre 2009 4 10 /12 /décembre /2009 13:31



 

Il faut voir le Noli me tangere représenté par les peintres. C’est une histoire d’amour complète : des émotions, des ruptures, des hésitations, des retrouvailles.

 

Jésus peut être calme et apaisant, la main bénissant le front de Madeleine (Fra Bartolomeo), doux et compatissant (Andrea del Sarto).

 

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Parfois triste, l’éloignant comme à regret : ils sont là tous les deux, des larmes dans les yeux (Duccio). Quelquefois effrayé, il la tient à distance et semble s’enfuir (Giotto).

 

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Pour éviter les ennuis, il passe sur la pointe des pieds (Fra Angelico), ou marche d’un bon pas sans s’arrêter (Schongauer).

 

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Il est déterminé. Il lui fait des discours sur l’amour spirituel en lui montrant le ciel (le Corrège). Il envisage la prise de judo devant une Madeleine furibonde (Holbein).

 

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Chez Barocci, on se demande s’il ne va pas lui retourner une gifle.

 

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Souvent Madeleine à genoux tend le regard et les mains vers le sexe de Jésus, parfois fascinée par son caleçon (Baldung).

 

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Il est contraint de se protéger dans ses linges (Laurent de la Hyre, Rubens, Fra Bartolomeo), l’organe emberlificoté comme un chou-fleur (Titien).

 

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Comme elle est incorrigible, il lui cache les yeux de sa main (Laurent de la Hyre).

 

Madeleine a les yeux la bouche les bras grand ouverts. Jésus s’écarte un peu tendu (Jacopo Pontormo), inquiet de débordements possibles. Sa main l’arrête d’un geste définitif (Poussin, Véronèse).

 

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Et puis il danse avec Madeleine une danse d’évitement contorsionné comme une parade amoureuse (Bronzino).

 

  

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Madeleine la paume ouverte devant son sexe, la main tendue vers celui de Jésus, Jésus la main fermée sur le sien (Laurent de la Hyre) : trois points de suspension entre l’amour et la séparation.

 

Finalement, c’est Jésus qui la touche, effleurant, frôlant, caressant son front (Bramantino, Cano), son sein (Jacopo Pontormo).

 

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Madeleine est souvent souriante, toute à sa joie de revoir son amour (Giotto, Fra Bartolomeo) ; mais déjà le noli me tangere a contaminé son visage qui proteste (Jacopo Pontormo), souffre (Duccio), supplie (Boticelli), se révolte (Holbein). Déjà elle se résigne, séparée à jamais de son amour par la mort et la résurrection - que symbolise le tombeau ouvert (Le Pérugin).

Et puis elle écoute et croit, et ses yeux sont ceux d’une illuminée (Bramantino).

 

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De nombreux les peintres affublent Jésus d’une bêche, d’une pelle, ou d’un sarcloir, sous prétexte que Marie-Madeleine, perturbée, l’a pris pour le jardinier, alors que le texte biblique ne précise pas que Jésus s’est amusé à se déguiser. Souvent, il s’appuie sur cet outil ; mais il le porte parfois sur l’épaule (Botticelli), et ça lui donne l’air désinvolte d’un flâneur plutôt que la dignité d’un dieu ressuscité.

 

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3 décembre 2009 4 03 /12 /décembre /2009 08:55

Mais, Marie, ayant pris une livre d’huile de parfum de vrai nard, qui était de grand prix, le répandit sur les pieds de Jésus, et les essuya de ses cheveux ; et toute la maison fut remplie de l’odeur de ce parfum.

Jean XII 3

 

L’amour redonné.

Madeleine est si heureuse ; ses mains sont ouvertes écartées tendues vers lui.

Madeleine est dressée dans son désir, emportée dans un élan sans retenue.

Mais plus rien n’est comme avant. : devant l’érection de Marie s’ouvre la concavité du retrait du Christ.

 

Jésus lui répondit : Noli me tangere (Ne me touche pas)

(Jean XX 17)

 

Elle veut prendre, le prendre, en elle, avec elle, pour elle.

 

noli me tangere

l’amant l’amour l’ami qui se refuse.

L’impossible désir,

l’ultime perte de l’âme.

 

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- Noli me tangere

 

- Pourquoi ?

 

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Le « noli me tangere » est une plante, la balsamine sauvage, qui au moindre attouchement projette sa semence dans une libération explosive qui vous emplit les doigts. Elle s’offre à la caresse des mains, au baiser du vent. Touchez moi.

 

De l’impatiens noli tangere on fait une infusion qui calme l’impatience, par exemple celle des amants séparés.

 

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Le « noli me tangere » est un ulcère qui surgit au visage, au scrotum, à la verge, une lèpre contagieuse impossible à guérir, qui s’irrite, s’étend et récidive malgré les soins médicaux. Une plaie toujours ouverte sur l’absence.

 

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Ce tout petit espace entre ton corps et le mien est devenu un abîme éternel.

Tu brises par trois mots mon élan vers toi.

Tu me donnes puis me reprends plus que tout ce que j’avais déjà perdu.

Par toi je perds ma vie deux fois.

Mais je ne dirai rien, mon amour, et je ferai selon ta parole.

 

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Car Madeleine est une femme obéissante.


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Tous les dessins de cette série sont des études de tableaux appartenant à l’histoire de l’art.




26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 10:12

Et se tournant vers la femme, il dit à Simon : Voyez-vous cette femme ? Je suis entré dans votre maison, vous ne m’avez point donné d’eau pour me laver les pieds ; et elle au contraire, a arrosé mes pieds de ses larmes, et les a essuyés avec ses cheveux. Vous ne m’avez point donné de baiser ; mais elle, depuis qu’elle est entrée, n’a cessé de baiser mes pieds. Vous n’avez point répandu d’huile sur ma tête ; et elle a répandu ses parfums sur mes pieds.

Luc VII 44

 

 



C’est à une femme que Jésus ressuscité apparaît en premier. Et ce n’est pas à sa mère, au grand étonnement de toute une partie des chrétiens qui préfère occulter ce passage indigne du Fils, mais à Marie la Magdaléenne, l’affligée qui porte sa détresse dans sa chair et ne peut plus quitter le tombeau. La désolée qui le cherche partout et voudrait encore le toucher, le parfumer, l’embrasser. Même mort. Marie Madeleine est l’amante errante.

 

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Jésus lui dit : Marie.

(Jean XX 16)

 

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Marie Madeleine est une pleureuse, une porteuse de vase. Une verseuse d’eau bleue des yeux, une embaumeuse de parfum précieux. Elle présente son flacon comme son cœur même.

En Madeleine, tout est liquide, ses cheveux, ses regards, sa beauté défaite. Elle se répand.

Tant elle pleure qu’aveuglée de larmes, elle ne reconnaît pas son Seigneur.

Coule Madeleine comme l’amour entre les doigts.

 

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Alors Jésus se montre à elle pour la consoler de sa peine infinie, et lui dire adieu avant de la quitter. Au moment de partir, c’est à une femme qu’il pense, à cette pécheresse égarée.

C’est elle qu’il appelle :

Marie.

pour qu’alors elle le voit.

Mais les hommes ont des desseins obscurs qui les éloignent des femmes qu’ils aiment, afin que tout devienne triste et compliqué.

 

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Et Pierre l’Apôtre s’interroge : « Est-il possible que l’Enseigneur se soit entretenu ainsi, avec une femme, sur des secrets que nous, nous ignorons ? Devons-nous changer nos habitudes ; écouter tous cette femme ? L’a-t-Il vraiment choisie et préféré à nous ? »

Evangile copte de Marie, Myriam de Magdala.

 

Interrogations existentielles et masculines de l’époque.

 

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Blanche, érigée nue, enveloppée de ses cheveux ruisselants, Madeleine la pécheresse sourit à son Seigneur. Elle est belle et rousse comme le soleil.

 

Et Jésus dit : Laissez la faire.

(Jean XII 7)

 

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Tous les dessins de cette série sont des études de tableaux appartenant à l’histoire de l’art.


 


 


 

 

19 novembre 2009 4 19 /11 /novembre /2009 16:09


(…) A Marie-Madeleine, qui est femme, Dieu dit :

- Ne me touche pas.

A Thomas l’Apôtre, qui est homme, Dieu dit :

- Touche moi.

Pascal Quignard

La nuit sexuelle


 

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine vint dès le matin au sépulcre, lorsqu’il faisait encore obscur, et elle vit que la pierre avait été ôtée du sépulcre.

Elle courut donc, et vint trouver Simon Pierre, et cet autre disciple que Jésus aimait, et leur dit : Ils ont enlevés le Seigneur du sépulcre, et nous ne savons où ils l’ont mis.

Pierre sortit aussitôt, et cet autre disciple aussi, et ils s’en allèrent au sépulcre. Ils couraient l’un et l’autre ensemble ; mais cet autre disciple courut plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre ; et s’étant baissé, il vit les linceuls qui y étaient, mais il n’entra point. Simon Pierre, qui le suivait, arriva ensuite et entra dans le sépulcre, et vit les linceuls qui y étaient, et le suaire qu’on avait mis sur sa tête, qui n’était pas avec les linceuls, mais plié en un lieu à part.

Alors donc cet autre disciple, qui était arrivé le premier au sépulcre, y entra aussi, et il vit, et il crut ; car il ne savait pas encore ce que l’Ecriture enseigne : Qu’il fallait qu’il ressuscitât d’entre les morts.

Ces disciples s’en retournèrent donc ensuite chez eux.

Mais Marie se tint dehors, pleurant près du sépulcre. Et comme elle pleurait, s’étant baissée pour regarder dans le sépulcre, elle y vit deux anges vêtus de blanc assis au lieu où avait été le corps de Jésus, l’un à la tête et l’autre aux pieds.

Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleurez-vous ? Elle leur répondit : C’est qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis.

Ayant dit cela, elle se retourna, et vit Jésus debout sans savoir néanmoins que ce fût Jésus.

Alors Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ?

Elle, pensant que ce fût le jardinier, lui dit : Seigneur, si c’est vous qui l’avez enlevé, dites moi où vous l’avez mis, et je l’emporterai.

Jésus lui dit : Marie. Aussitôt, elle se tourna et lui dit : mon Maître !

Jésus lui répondit : Noli me tangere (Ne me touche pas), car je ne suis pas encore monté vers mon Père ; mais va trouver mes frères, et dis leur de ma part : Je monte vers mon Père, et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.

Marie Madeleine vint donc dire aux disciples qu’elle avait vu le Seigneur et qu’il lui avait dit ces choses.

Jean XX 1-18

 

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noli me tangere

ne me touche pas

cesse de me toucher

ne me retiens pas

… de venir à toi.

 

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Les apôtres, Pierre et Jean, étaient rentrés chez eux. Mais Marie restait à pleurer.

Où aller quand tout est là, même s’il n’y a plus rien.

Elle était éperdue, perdue, son cœur dans ses mains lourd comme un enfant mort.

Où poser cet amour pour qu’il repose enfin ?

Elle attendait que l’impossible advienne.

Elle pleurait le vide en elle.

 

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(…) Une femme de la ville, qui était de mauvaise vie, ayant su qu’il était à table chez ce pharisien, y vint avec un vase d’albâtre plein d’huile de parfum ; et se tenant derrière lui à ses pieds, elle commença à les arroser de ses larmes, et elle les essuyait avec ses cheveux ; elle les baisait et y répandait ce parfum.

Luc VII 37-38

 

Même s’il s’agit pour les historiens et les théologiens de trois personnes différentes, la tradition ne voit en Marie Madeleine qu’une seule femme aux multiples visages. Elle est celle qui lava les pieds du Christ de ses larmes et les essuya de ses cheveux. La prostituée, la possédée et l’éplorée. Toujours elle verse des parfums précieux sur le corps de Jésus. Marie de Magdala est l’odorante aimante.

 

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Marie sait dès sa première rencontre avec Jésus qu’elle va le perdre, qu’une telle passion ne peut que finir. Elle pleure à ses pieds.

 

Marie aime avec ses mains, ses cheveux, ses lèvres ; elle adore de tout son corps.

Ce que personne n’ose, elle le fait sans un mot.

Touchante, elle touche, elle étreint, elle enveloppe. Ses gestes parlent d’amour.

 


 

Ce que Marie cherche dans la vie comme dans la mort, obstinément, c’est le corps de son Seigneur.

 

Alors Jésus dit : C’est pourquoi je vous déclare que beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé.

(Luc VII 36-47)

 

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Tout ce qu’on perd, Marie, quand on perd le corps de son amant, toi tu le sais.

 

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Tous les dessins de cette série sont des études de tableaux appartenant à l’histoire de l’art :



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