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28 septembre 2009 1 28 /09 /septembre /2009 14:18

 

 

 

Il y a quatre ans, Santa Maria possédait deux hôtel club, aux occupants convenablement étiquetés - les bleus et les jaunes - pour qu’on ne mélange pas les transats et les serviettes, et Sal Rei était entourée de plages désertes.




 

Deux plus tard, Santa Maria a doublé de volume, les hôtels club se sont multipliés, et le soir, les rues sont pleines d’un monde fou de toutes les couleurs.

 

 

 



Quant à Boavista, un complexe de la dimension d’une ville est en train de sortir de terre, couvrant la plage d’immeubles de béton. C’est sidérant de voir surgir ces grands bâtiments là où il n’y avait rien auparavant, que la mer et le sable et le ciel. A croire qu’on a rêvé. Ou qu’on est déjà mort.




 

Les hôtels seront à quinze minutes en taxi de l’aéroport, à 2 minutes à pied de la mer. Une situation idéale, qu’ils disent.


 


 


 

 

21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 12:40




 

 

Au Cap vert, on marchande. C’est toujours Guillaume qui discute. J’assiste à un vrai spectacle qui se termine par une bonne partie de rigolade pour tout le monde, y compris pour le vendeur et les clients présents dans le magasin.

Quel est ton prix ? Comment ? non non c’est beaucoup trop cher ! écoute moi je te propose un bon prix -  si si c’est un bon prix tu le sais bien – oui oui je vois la qualité, c'est un bel article et c’est pour cela que je te donne un bon prix –je suis un client gentil, très gentil, tu peux me faire un bon prix - écoute moi...

Il parle, il parle, personne ne peut en placer une, les vendeurs pourtant bavards et aguerris, sont débordés. En désespoir de cause, ils se tournent vers moi qui ne dit rien et s’exclament : Mais qu’est-ce qu’il parle ton "mari" ! Il est toujours comme ça ??? OULALA ! et bien bon courage ! C’est vrai qu’il vaut mieux un qui parle avec une qui ne parle pas… D’accord d’accord pour le prix, mais qui va me dédommager de tout ce BAVARDEMENT, hein ?!!


 

 


 


 


 

 

14 septembre 2009 1 14 /09 /septembre /2009 11:35





Sur l’île de Sal, les salines de Pedra de Lume sont un lieu étrange, poudré de poussière de lune. Un champ d’étoiles tombées du ciel. Sur les bassins d’eau violine les fées laissent traîner leurs voiles. Une moire où scintillent des reflets incertains. Toute la beauté des couleurs inconnues se mélange à la mer. On voit flotter du sable d’or.


 

 

 

 


Sur cette terre aride où des hommes rustres ont travaillé dur, est étendue la robe irisée d’une jeune mariée, et leurs pieds nus et rugueux ont foulé la croûte craquante de ses dentelles salées. Enveloppé de lumière, le sel brille comme une pierre précieuse.


 


 


 



 


 

 

8 septembre 2009 2 08 /09 /septembre /2009 18:18



A Santa Maria sur l’île de Sal, il y a une place, une immense place déserte. On ne sait pas très bien si c’est un endroit pensé, car il a parfois une allure de terrain vague. Mais deux ans plus tard, et bien que Santa Maria se soit considérablement construite, ce vide en son cœur existe toujours.





Dans ce lieu de nulle part trône un container rouge. Il est posé là, gros comme un camion, parfaitement parallélépipédique, hermétiquement clos sur lui-même. Sa figure géométrique exprime quelque chose d’impératif et d’absolu. Il a à ses côtés massifs un fin poteau électrique.

 

Lentement le sel et le vent le décolorent. Mais il reste là, immuable et mystérieux comme le symbole secret du sens de la vie, une invitation à la méditation transcendantale, une initiation à une théorétique du monde. Personne n’envisage de le déplacer ni même de l’ouvrir, au point que la ville l’entoure à distance respectable et que les voitures tournent autour sans couper au plus court.




Car un jour à Santa Maria, Dieu est descendu sur terre sous la forme édifiante d’un container rouge.

 

 

 

 

31 août 2009 1 31 /08 /août /2009 12:21


A Sal Rei on peut légitimement se demander où sont les gens. Et principalement les femmes et les jeunes filles. On peut s’interroger sur la lenteur et le manque d’enthousiasme de la vie de cette ville. Que font les gens ?




A Sal Rei, on n’a pas vu de cinéma, de théâtre, de salle de jeux, ni même de cafés. En revanche, tous les restaurants ont une télévision allumée.




Et puis un soir par hasard, on passe devant une église ouverte : ils sont tous là à chanter à pleine voix, à jouer de la guitare électrique, à taper sur les tambours, et à danser. C’est ici que brille la lumière dans la nuit. Les jeunes, les vieux, les hommes, les femmes, tous ont l’air heureux de se retrouver dans cette église. Voilà l’endroit qui bouge, à Sal Rei.

 


24 août 2009 1 24 /08 /août /2009 09:56



Au nord de l’île de Boavista, se trouve une plage dont j’ai oublié le nom. S’y est échoué il y a longtemps un énorme navire qu’on a laissé là, puisqu’il n’y avait personne il ne gênait personne. Monumental et squelettique, il se penche doucement sur l’eau claire. Le sel et le vent l’ajourent de précieuses dentelles et comme les vieux illuminés il laisse passer la lumière. La rouille lui donne l’éclat de l’or rouge. Sa carcasse abrite tous les poissons et les oiseaux du coin.




Sur cette plage, les courants forts rejettent parfois des bateaux, souvent des déchets. Le sable est couvert d’objets en plastique parfaitement nettoyés par la mer, qu’elle dépose là et pas ailleurs, pour qu’ils soient tous rangés au même endroit. Cela donne à ce lieu un air chaotique et lumineux. On marche dans la clarté du ciel, de la mer et du sable, que le plastique opalescent reflète en mille éclats bleutés, vers la masse sombre de l’épave, comme vers un grand animal blessé.



17 août 2009 1 17 /08 /août /2009 10:54




 

La praia Santa Monica est une plage bombée, coincée entre la campagne et la mer. On y arrive après avoir traversé des bouquets de petits arbres comme il y en a rarement à Boavista. Bien que le village soit proche, la plage est déserte. Il y a juste quelques chèvres craintives qui nous regardent de loin.

 


On se couche sur le sable, on a du ciel plein les yeux. On se baigne nus dans la mer. On est seul et heureux.

Parfois un 4/4 arrive en trombe, déverse un tas de gens qui courent vers la mer, prennent une photo, repartent. Et tout reprend tranquillement sa place.





Sur le sable on trouve de tout petits coquillages percés comme des lèvres ouvertes, et des formes étranges, fossilisées, blanches et dentelées, aux tentacules délicats. Héliophora, Ophiure, Scutelle, elles portent des noms de femmes aux longs cheveux et aux doigts fins. Avec précaution j’en ai rapportées, mais elles tombent en poussière.



6 août 2009 4 06 /08 /août /2009 17:52



Quand Guillaume arrive dans un village avec sa guitare, il y a un autre musicien pour jouer avec lui. Ils ne parlent pas la même langue mais ils comprennent la musique. Ils chantent la saudade devant l’unique café du village, l’autochtone en portugais et Guillaume en yaourt,  et tout le monde vient les écouter.



Pendant qu’ils sont tous agglomérés autour des musiciens, moi je sors mon carnet et je les dessine. Je me cache un peu parce que je déforme la figure des gens, je fais comme j’en ai envie, et parfois ils n’aiment pas le résultat.
Mais il y en a un brusquement qui se retourne, m’aperçoit et se penche sur moi, ayayaïe, appelle son cousin, lui montre du doigt son portrait. Il ne se trompe pas, c’est bien lui que j’ai dessiné. Et puis il en découvre d’autres en attrapant mon carnet. Ils rient tous du plaisir de se voir.


 


 



30 juillet 2009 4 30 /07 /juillet /2009 09:40



Dès le jour de notre arrivée à Sal Rei, on a trouvé ce petit bar blanc et bleu tenu par un italien. Il vient d’épouser une capverdienne, les capverdiennes confie-t-il, rieur, "tu n'as pas le choix, il faut les épouser sinon tu n’obtiens rien". Il parle français, il est sympathique et accueillant. Chez lui il fait frais et on mange des choses simples. Sa capverdienne ne dit pas grand-chose mais il parle pour deux. Il est aussi frêle qu’elle est robuste. Ils attendent un enfant et ce sera une petite fille. Est-ce qu’il aime vivre à Boavista ? il dit qu’ici il a pu ouvrir son affaire ce qui était impensable en Italie.

 


Sur les murs de son bar, il a accroché des carapaces de tortues marines que je m’amuse à peindre. J’aimerais tant les voir nager dans la mer.

 

Allez de ma part au bar Terra Sabe à Sal Rei.

 

Deux ans plus tard quand je reviendrai et que je sortirai mes peintures, alors il me reconnaîtra en me disant que je suis celle qui a peint les carapaces des tortues.



19 juillet 2009 7 19 /07 /juillet /2009 22:15



A Sal Rei sur l’île de Boavista, on attend. Sous le soleil écrasant, dans le silence et le vide des rues, on attend. Même l’activité du petit marché se cache sous le feuillage des rares arbres. Les hommes et les chiens sont assis sur le quai à l’ombre du auvent. Ils se taisent. Ils attendent.



On attend la pluie qui n’est jamais venue. On attend le bateau qui n’est guère plus visible. On attend comme si on avait été oubliés.

 

A Sal Rei, on attend si longtemps.


9 juillet 2009 4 09 /07 /juillet /2009 11:25


Sur l’île de Boavista, il y avait une route droite toute bordée d’arbres au milieu du désert de cailloux.



Ces vieux arbres au lieu de tendre leurs branches en les arrondissant pour faire une jolie arche au-dessus de la route, comme font tous les arbres qui se respectent, et qui respectent l’ingénierie humaine, ces vieux arbres au contraire s’arquaient de l’autre côté dans une accolade inversée, cherchant manifestement à écarter leur feuillage le plus possible de la voie, voire carrément à se barrer. L’impression sur une certaine distance était surprenante, de ces arbres détournant le regard à notre passage.

C’était une jolie route pavée de cailloux emboîtés, un beau travail de marqueterie pour le pas sonnant des petits ânes. Mais les camions et les 4/4 commençaient déjà à défoncer cette mosaïque. Le trafic augmentait et la voie était trop étroite pour qu’ils puissent se croiser.

 

Et puis un jour nous sommes revenus et la route était cassée et les arbres arrachés. Ces trésors du ciel qui avaient bien voulu pousser dans l’aridité et la poussière, qui avaient vécu là si longtemps : je les ai vus couchés sur le sol du désert, leurs racines mises à nu, et la blessure béante de la terre. Et moi aussi, je suis blessée.




2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 12:26



Pour traverser Boavista et revenir, il faut une journée. Le guide nous indiquait un restaurant dans un des deux villages que l’on traverse. A midi, le village était désert à part quelques vieux assis à l’ombre. Le restaurant ressemblait plus à une maison qu’à un lieu public. Il n’y a avait aucun client, aucune table dressée, aucune odeur de cuisine, je sentais qu’on allait déjeuner de biscuits secs. Une jeune femme apparut pourtant, elle ne parlait pas un mot d’anglais. Guillaume essaya son espagnol-portugais-italien-russe qui fait beaucoup d’effet mais elle le regarda avec de si grands yeux qu’on était mal parti pour manger. Il revint à un baragouinage mimé plus efficace. Elle comprit qu’on voulait manger et on comprit qu’elle voulait savoir ce qu’on voulait manger. Oh des choses simples, une omelette, un œuf dit Guillaume en faisant la poule cotcotdeeet ! qui vient de pondre un œuf tout chaud, qui tourne autour toute fière et qui agite la queue cotcotdeeeeet ! Les jeunes filles au Cap vert sont très sérieuses, elles ne rigolent pas avec les étrangers, mais là je sentis dans le vacillement du regard de notre hôtesse qu’elle se raccrochait de toutes ses forces à ses principes pour rester digne. Très bien il fallait qu’elle prépare le repas, on pouvait revenir dans une heure.



Un peu perplexes sur l’organisation de ce restaurant, on fit trois fois le tour du village puis on finit comme les vieux à s’asseoir à l’ombre en attendant que le temps passe. Quand on revint, elle nous fit pénétrer dans une grande pièce fraîche. Une seule table au milieu était dressée pour nous, grande et couverte de plats. Nous étions assis côte à côte et la jeune fille nous servit des mets inestimables que sont les légumes du jardin dans un pays où l’eau est si rare que c’est un trésor, où la nourriture est souvent importée et artificielle (c’est le seul endroit où j’ai vu des yaourts se conservant hors du réfrigérateur pendant deux mois). Les légumes étaient savoureux. La salade avait la texture d’un végétal qui s’est battu pour survivre, ses petites feuilles épaisses faisaient penser à l’épinard ou à l’oseille. En guise d’omelette on nous apporta carrément le poulet : Guillaume ne fait pas bien la poule. C’est le meilleur repas que nous ayons mangé à Boavista, dans une sérénité inattendue ; je me souviens de la caresse de l’air, du goût des choses simples et précieuses, et du sourire de la jeune fille. Je m’en souviens comme d’un rêve.



Deux ans plus tard, ce restaurant n’existait plus. Observant cette maison toujours aussi indéchiffrable pour moi, Guillaume m’assura qu’il était fermé. On attrapa l’unique passante qui nous conduisit dans la maison d’une autre femme, qui nous conduisit à une autre femme qui nous conduisit dans une vraie salle de restaurant, introuvable par nos propres moyens. Une heure après on dégusta un bon repas copieux. Nous étions les seuls convives.



18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 11:50



Pour traverser Boavista en 2005, on pouvait louer un scooter. Nous sommes partis à l’aventure sur un petit scooter déjà fatigué, le « meilleur » élément du loueur évidemment, avec une bouteille en plastique remplie d’essence parce que le réservoir était insuffisant pour revenir et qu’il n’y a pas de pompes à essence dans le désert. S’il y avait un quelconque problème, il suffisait d’appeler le loueur et il viendrait nous chercher, foi de loueur.


On ne peut pas dire de ce scooter qu’il était puissant, silencieux, ni surtout confortable pour le passager arrière, mais bon au début il roulait.

Il nous a bien fait un caprice pour repartir lors d’un arrêt à aller, mais il s’est ravisé.




Quand on a repris le chemin du retour, il était tard parce la plage était belle, le soir doucement tombait, et conduire dans un noir inconnu c’est un peu compliqué (évidemment il n’y a pas d’éclairage public). On allait aussi vite que possible. Au milieu d’une route droite filant à l’horizon à perte de vue, dans le désert gris et la solitude totale d’une nature hostile, taratata, le scooter décida brusquement de s’arrêter (on a failli se casser la figure), puis de ne plus redémarrer.

C’était peut-être pour nous dire quelque chose mais on n’avait pas le temps d’y réfléchir. Au bout de 20 minutes d’essai à manoeuvrer le kik, la poignée, la clef, le machin, etc, Guillaume prend son portable pour appeler Super-Loueur : pas de réseau.

La nuit tombait pour de bon et il restait quand même un certain nombre de kilomètres à parcourir avant de retrouver Sal Rei. On s’acharna encore 30 minutes sur l’engin en vain. Nos rapports avec le scooter n’étaient plus du tout cordiaux. Alors qu’on essayait encore une dernière fois de redémarrer cette saleté de mécanique avant de se résoudre à continuer à pied, le moteur se réveilla. On se précipita à deux sur la poignée pour maintenir l’étincelle, on peut dire que la machine a rugi. On a sauté dessus et on est reparti sans jamais lui laisser le temps de reprendre son souffle avant la fin.




Deux ans plus tard, louer un scooter relevait de la gageure. Il était possible de louer toutes sortes de voitures mais pas un scooter. Bien sûr ce n’est pas le même prix et on n’avait plus d’argent pour des raisons que je vous raconterai peut-être un jour. Sortant d’une agence qui nous assurait que plus aucun loueur ne proposait de scooter à Sal Rei, on s’assoit découragés sur un banc de la place principale. Soudain Guillaume bondit et se met à courir derrière… un scooter et deux touristes qui s’arrêtaient sur la place. Il existait ainsi un loueur de scooters que les deux touristes nous indiquèrent deux rues plus loin, faut dire que Sal Rei c’est quand même deux mille habitants à tout casser, on ne peut pas connaître tous les magasins…




On refit donc le périple pour revoir cette plage déserte de l’autre côté de l’île : la route qui mène au paradis. C’est bizarre me dit Guillaume en partant, tu te souviens, la fois précédente on nous avait donné une bouteille d’essence, et là non, peut-être que le réservoir du scooter est plus important, c’est un modèle plus récent. Peut-être que oui, peut-être que non.


Sur la route, Guillaume surveillait la jauge à essence et en bon gérant prudent et organisé, décida d’arrêter le scooter au milieu du réservoir : comme on n’était pas arrivé, on finit le chemin à pied. Je ronchonnais un peu mais c’était de la pla-ni-fi-ca-tion.


Mais c’est mal connaître les machines que d’imaginer qu’on peut les maîtriser. Elles ont pour elles le hasard et l’inépuisable incertitude d’un monde matériel imparfait. Bref au retour, la jauge se mit à descendre deux fois plus vite sur la deuxième moitié du cadran. Si bien qu’on n’avait pas assez d’essence pour rentrer et que la nuit tombait…etc. On s’arrêta dans un village mais bien qu’il y ait des voitures, personne ne voulut nous vendre de l’essence, même à prix fort. Nous, on trouvait pas ça drôle mais eux, si.


Alors Guillaume tout en conduisant se mit à agiter le scooter pour ramasser le plus d’essence possible au fond du réservoir. Ca devait être un sacré spectacle que de nous voir passer sur un scooter pouf-poufant, remuant des fesses comme des excités, se secouant l’un et l’autre à se demander ce qu’on pouvait bien faire tous les deux à s’énerver comme ça. C’était rock’n roll.


Quand enfin on a aperçu les lumières de Sal Rei, il ne devait même pas rester une goutte, même pas une vapeur, une odeur d’essence au fond du réservoir.


11 juin 2009 4 11 /06 /juin /2009 14:07


A Boavista, il faut traverser toute l’île. Traverser les déserts de gros cailloux, de petits cailloux, de moyens cailloux. Avaler la poussière noire, blanche, rouge, et puis grise. S’arrêter au centre de l’île au milieu de nulle part et comprendre que l’on se trouve dans l’œil du cyclope : dans l’orbite aveugle d’un immense volcan éteint. Repartir dans l’haleine étouffante d’une terre et d’un ciel qui n’ont jamais connu l’eau. Il faut traverser l’île pendant des heures.




Car lorsque la terre s’arrête enfin, il y a une plage comme au premier jour du monde, sauvage et nue, intouchée. Aussi loin que porte le regard on est ébloui par la mer et le sable scintillant dans la lumière pure. Tout est vierge et clair, d’une transparence qui désaltère. Le paradis après l’enfer.



C’est ici que les tortues sortent de la mer pour venir pondre leurs oeufs.




4 juin 2009 4 04 /06 /juin /2009 11:33



 


Le Cap vert est un archipel de petites îles, certaines dans le vent et d’autres sous le vent. Evidemment la première idée du voyageur qui a atterri sur une île, est de se balader d’île en île.

 

Dans un bar de Santa Maria, Guillaume rencontre un marin anglais, genre bourlingueur à la peau tannée qui a fait le tour du monde sans payer. Il a un bateau et peut nous emmener sur l’île de Boavista. Bien sûr il ne repassera pas pour nous ramener à Sal, mais ce n’est pas grave dit Guillaume, on trouvera bien un autre bateau. J’ai des doutes mais bon.




Le loup de mer ne m’inspirait pas confiance, mais nous arrivons pourtant à Boavista. Avec difficulté, nous localisons le bureau de la compagnie maritime du Cap vert qui a l’air complètement à l’abandon. Après plusieurs visites infructueuses, on comprend qu’il ouvre entre 8 heures et 8 heures et demie du matin. De toutes façons, ça n’a aucune importance parce qu’on ne sait jamais quand le bateau qui relie les îles va passer. Un couple que nous rencontrons à l’hôtel l’attend depuis maintenant une semaine. Ca peut durer un mois. Ou plus. Vu qu’ils disposent de six mois de vacances, c’est moins grave que pour nous qui n’avons que quinze jours. Mais ils en ont un peu marre quand même de faire le tour de Boavista. On va trouver une solution dit Guillaume. Le quai de Boavista est totalement désert. Mais bon.


 

Reste l’avion. Comme c’est la solution sur laquelle tout le monde se rabat et que les avions sont petits, et qu’il y en a qu’un par jour, et que des fois il n’arrive même pas et on ne sait pas pourquoi, bref c’est un peu la bataille…

 

 

Pour visiter le Cap vert, il faut avoir du temps devant soi.



28 mai 2009 4 28 /05 /mai /2009 12:14



A Santa Maria sur l’île de Sal, il y avait un ponton de bois qui dansait sur la mer en se prenant pour une vague. Il se déhanchait dans toutes les directions, perdant le bois de son plancher au point qu’il fallait enjamber des énormes trous béants sur l’eau. Sous nos pas, on voyait passer les poissons. Les touristes l’empruntaient précautionneusement avec l’idée confuse de marcher sur un truc vivant, comme le dos cambré d’une bête endormie prête à se relever et à les envoyer valser.




Il était totalement désarticulé, démantibulé, dégingandé. Patiné par le sel et le soleil, il avait la couleur des choses naturelles qui sont là depuis toujours. C’était une ruine splendide. Une association de défense du ponton de Santa Maria réclamait sa restauration.



 

Sur le ponton de Santa Maria

 La vie penche à la mer

Y courent les enfants

Y meurent les poissons



A travers le ponton de Santa Maria

Passe le mer bleue

Passe la mer verte

Nagent les enfants poissons

 

Au ponton de Santa Maria

Il manque un pilier et quelques planches

Ça n’empêche pas les bateaux d’accoster

Ni les enfants rieurs de plonger

 


Quand je suis revenue, le ponton était parti rejoindre l’horizon qui l’attirait tant, parti naviguer sur la mer loin des pieds des hommes. Sur la plage maintenant il y a une avancée de béton très stable à travers laquelle on ne voit plus passer les poissons.

 

 

 

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