Je m’obstine à repriser. Je lie, je lis, je relis des mots non traduis, ceux qui ne sont pas dits, ceux qui ne sont pas nés. Ces mots tus que je relie sur le papier en points insensés de pensées. Cheng vient chercher du fil noir et une aiguille pour recoudre son pantalon effiloché.
Est-ce qu’on pourrait retourner se baigner ? dit Alma.
Sur les rives du lac, les branches se penchent. Les lotus creusent de silence la pure blancheur de leur racine : neuf trous pour des hochets d’enfants Bouddha. Les dragons des barques se balancent sur l’eau clapotante. La Chine m’apprend patiemment le raffinement du céladon, reflets mêlés de ciel et d’eau croupie entre les fissures du temps.
Mes amis, heureusement que vous êtes là, autour de moi.
Un soir, nous avons le temps de nous doucher avant le repas, et de bonheur nous enfilons nos beaux vêtements neufs. A notre entrée dans la salle, les jeunes Chinois se lèvent, bouche bée.
Sur la peau douce, la caresse de l’eau des sources.