Les Chinois et les Français se parlent autour d’une table. L’éloignement des cultures, la singularité des chemins de pensée, la divergence des intentions, le sens perdu des traductions, l’envol des signes incompris, tout cela nous sépare et nous égare. Nous naviguons sur des courants contraires et quand nous nous rencontrons le choc des coques est rude. Nous finissons par nous comprendre à force d’abordages. Nous sommes tous épuisés et tendus. Perdue dans les méandres complexes de la pensée chinoise, ma naïveté simpliste occidentale ne comprend ni les mots échangés, ni les objectifs poursuivis, ni même ce qui se passe.
Au cœur des temples, en haut des montagnes, des arbres en lambeaux d’écarlate lancent au vent les vœux des désespérés.
- Est-ce qu’on pourrait aller se baigner dans les sources ? dit Alma.
Comment faire un carnet de voyage qu’on glisse habituellement dans la poche, sur un dépliant de dix mètres qui se disjoint et se déroule dans la poussière ? Comment apprivoiser un papier absorbant comme une éponge ? Je découvre qu’il fait de belles taches, ouvertes offertes comme des fleurs.