Des jeunes, étudiants en arts plastiques ou en français, nous accompagnent quotidiennement. Ils ont choisi chacun de s’attacher aux pas de l’un d’entre nous. Damien a bien sûr hérité de la plus sexy des étudiantes en français, mais toute sa bonne humeur n’arrive pas à détendre la jeune fille, angoissée de la responsabilité qu’elle porte de contenir la joyeuse exubérance de son Français turbulent. Mon étudiant à moi me suit où que j’aille et s’assoit où je m’assois. Nous dessinons les mêmes lieux. Il est taciturne, mais ses yeux brillent d’humour et de finesse. Je demande la permission de voir son carnet, j’aime son trait, son audace, ses couleurs, je lui dis mon plaisir sincère à regarder ses pages. Lui ne me fait guère de compliments.
Je porte au cou une syllabe magique et sacrée, ornée de turquoises. Elle m’a été offerte par un homme impénétrable, pour me protéger. Je retrouve tout ce que je perds, je ne suis jamais malade, même les moustiques ne me piquent pas alors qu’ils dévorent les autres. Et pourtant, je ne sais pas où vont mes pas.