Les êtres s’attachent l’un à l’autre.
Ils ont entre eux des fils de chair invisibles auxquels ils se suspendent. Comme des équilibristes ils se tiennent au dessus du vide emmêlés dans leurs liens.
Ils s’accrochent, se ficellent, s’emprisonnent, on ne sait plus.
Les êtres coulent l’un dans l’autre.
Ils s’abreuvent à l’autre comme à une fontaine.
Entre eux de longs filets de bave s’étirent. Ils n’ont plus qu’une seule bouche, un même ventre.
Leurs liquides se mélangent dans la cuisine des corps, dans la lessive des familles. Ils se versent, se déversent, se renversent. Ils prennent l’autre pour un vase, parfois pour un égout.
Ils s’aspirent, se boivent et s’enivrent.
Ils se goûtent, se mâchent, se digèrent.
Un jour, ils se vomissent.
Les êtres s’élastiquent l’un à l’autre.
Ils se croient libres mais tout les ramène à deux. Plus ils s’éloignent et plus ils reviennent vite, ramenés à toute vitesse par la tension de l’élastique.
Pour se défaire, il leur faut du soleil et du temps. Attendre que l’élastique soit cuit et qu’il tombe de lui même.