A Santa Maria sur l’île de Sal, il y a une place, une immense place déserte. On ne sait pas très bien si c’est un endroit pensé, car il a parfois une allure de terrain vague. Mais deux ans plus tard, et bien que Santa Maria se soit considérablement construite, ce vide en son cœur existe toujours.
Dans ce lieu de nulle part trône un container rouge. Il est posé là, gros comme un camion, parfaitement parallélépipédique, hermétiquement clos sur lui-même. Sa figure géométrique exprime quelque chose d’impératif et d’absolu. Il a à ses côtés massifs un fin poteau électrique.
Lentement le sel et le vent le décolorent. Mais il reste là, immuable et mystérieux comme le symbole secret du sens de la vie, une invitation à la méditation transcendantale, une initiation à une théorétique du monde. Personne n’envisage de le déplacer ni même de l’ouvrir, au point que la ville l’entoure à distance respectable et que les voitures tournent autour sans couper au plus court.
Car un jour à Santa Maria, Dieu est descendu sur terre sous la forme édifiante d’un container rouge.