Les plis de l’accroupie
L’enchiffonnée rose est une petite femme accroupie sur ses talons. Elle se repose.
Imprégnée d’encre, elle laisse sur le papier l'empreinte délicate d’une rose. Elle est ouverte entre ses pétales, son cœur offert et son sexe à nu, tranquille.
Elle est là, pas tout-à-fait présente - rien que la poésie d'une trace, presque une disparition.
Les enchiffonnés sont difficiles à imprimer. Ils se gorgent de peinture et produisent des tâches informes. Il faut en extirper les signes avec pugnacité.
Mais fourrés de bourre et cousus de fils serrés, ils expriment mieux le pli de la chair que le trait. Le pli devient un rai de lumière, un passage vers un vide blanc, comme une absence. La fente éblouissante ouvre à l'en-deçà de la surface. Le corps n’apparaît plus qu’en ses renflements, comme s’écrasent les lèvres d’un baiser.
Car le pli est un creux qui ne saurait exister dans l’espace d’une feuille plane.
J'essaie de dire le creux du pli.