A Boavista, il faut traverser toute l’île. Traverser les déserts de gros cailloux, de petits cailloux, de moyens cailloux. Avaler la poussière noire, blanche, rouge, et puis grise. S’arrêter au centre de l’île au milieu de nulle part et comprendre que l’on se trouve dans l’œil du cyclope : dans l’orbite aveugle d’un immense volcan éteint. Repartir dans l’haleine étouffante d’une terre et d’un ciel qui n’ont jamais connu l’eau. Il faut traverser l’île pendant des heures.
Car lorsque la terre s’arrête enfin, il y a une plage comme au premier jour du monde, sauvage et nue, intouchée. Aussi loin que porte le regard on est ébloui par la mer et le sable scintillant dans la lumière pure. Tout est vierge et clair, d’une transparence qui désaltère. Le paradis après l’enfer.
C’est ici que les tortues sortent de la mer pour venir pondre leurs oeufs.