Les éléments impitoyables
Sur la plage je n’y vais que depuis peu de temps. Ce qui me surprend toujours c’est l’implacabilité des éléments. Le soleil et le sable sont brûlants et éblouissants, la mer et le vent sont glacés et salés. Pour survivre il me faut toute une panoplie : un chapeau enfoncé sur la tête pour éviter l’insolation, des lunettes de soleil sur le nez pour ouvrir les yeux, un tee shirt pour résister au vent, une tartinade de crème épaisse pour ne pas cuire. Et un paréo pour faire tente en cas de situation extrême. La seule femme voilée sur la plage, c’est moi. Je sors mon nez en toute fin d’après midi quand il faut enfiler un pull pour ne pas attraper un rhume.
J’ai toujours un air huilé. Guillaume me félicite souvent pour mon déguisement de canard.
Je dois certainement cette inadaptation ridicule au fait que je suis née à des centaines de kilomètres de toute mer. Je n’ai pas la bonne peau. C’est pas de ma faute.
A la fin du séjour je suis au mieux couverte de taches brunes qui de loin donnent l’impression d’un léger hâle. Plus ça va moins les taches partent, c’est la joie.
Et pourtant j’adore la mer et la plage, ça me lave la tête, ça m’assomme de chaleur, ça m’endort comme dans le ventre de ma mère. Et c’est le seul endroit où je ne fais rien.
Rien.
Ca repose.