Peausserie
Tissage-écorçage d’épidermes étirés,
Pelures de peaux tressées.
Le peaussier
tisse des lambeaux de peau séchés,
tresse les cheveux et les poils emmêlés,
palissonne les peaux tannées.
Entre ses mains
laisser sa peau.
Tapis d’épiderme suspendu,
Dermographie épinglée au mur,
Dépouille accrochée au crochet,
Enveloppe perdue d’une mue,
Exuvie d’une présence enfuie
Toiles organiques exposées,
Cocon d’une anatomie évanouie,
Epluchures cutanées d’un corps écorché,
Vieille peau tirée tendue liftée,
Pelure d’un manteau de fourrure,
Cuir râpé d’un vêtement oublié,
Copeaux de peau rabotés,
Oripeau d’appeau agité,
Douloureusement
le peaussier chamoise
le chagrin de la peau.
Il lui reste le souvenir fragile
du toucher grenu du galuchat,
du parfum d’un zeste lamellé,
d’un pétale tombé d’une fleur de peau.
Entre les paumes du peaussier
Affleurent
la mémoire cellulaire d’un tissu d’embryon,
la palpitation d’une membrane nue,
et l’insondable profondeur d’une surface.
Peaufiner la peau.