Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 00:00

 

 

Quand je vais au spectacle, j’attends impatiemment que l’obscurité descende sur la salle et que la lumière se resserre sur la scène. Alors, avec d’infinies précautions pour ne pas faire de bruit, j’ouvre mon carnet, je tâtonne pour prendre mon crayon. Le spectacle commence et en aveugle, je dessine. Je ne quitte pas la scène des yeux ; ma main écrit ce que mes yeux voient et je vois mieux. Ma main transcrit ce que mes oreilles entendent et j’entends mieux. Je reste immobile ; seules bougent ma main et de temps en temps la feuille que je tourne doucement quand je crois l’avoir remplie.

 

Parfois, malgré toute ma discrétion, certains voisins étonnés en oublient de regarder la représentation, essayant de discerner ce que je suis en train de fabriquer l’air de rien. Parfois, le crayon malveillant s’échappe, saleté de machin, je le cherche en vain et je suis contrainte de plonger dans mon sac pour essayer d’en trouver un autre.

 

Dessiner dans le noir sans voir sa feuille, en ne regardant que son sujet, devient comme une méditation, un renoncement, un voyage intérieur. Un apaisement. Une intensité.

 

Quand le spectacle est terminé, je ferme le carnet, je range très vite mes affaires, et j’applaudis les artistes. C’est seulement après être sortie de la salle, dans le métro ou bien chez moi, que j’ouvre le carnet pour enfin voir les dessins. Je regarde comme si ce n’était pas moi qui avais dessiné. Quelquefois le dessin est d’une justesse que je n’aurais jamais atteinte en laissant mon cerveau intervenir ; souvent ce n’est qu’un gribouillis, mais il est rythmé et plein de sens. De temps à autre, j’ai recouvert un dessin antérieur achevé dont j’avais oublié l’existence. Lorsque le dessin s’y prête, parce que mes souvenirs sont encore colorés, je le continue, je l’achève, avant d’aller dormir.

 

Il arrive qu’il n’y ait rien sur la feuille : le crayon n’a pas voulu tracer. Cette absence de mémoire me bouleverse.

 

 

 

Maguy Marin

Théâtre de la Ville

12/02/2002

 

 

02C1-19-12 02 02 redimensionner

 02C1-20-12 02 02 redimensionner

 02C1-21-12 02 02 redimensionner

 

02C1-22-15 02 02 redimensionner

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

commentaires

Z
<br /> Je vous suis fidèlement, même si je ne fais que passer en silence, admirative.<br /> <br /> <br />
Répondre
A
<br /> <br /> merci beaucoup de vos visites et merci pour ce petit signe que vous me faites de temps en temps ! Ca me fait plaisir de vous savoir là.<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : anne-claire thevenot / carnets temporels
  • : carnets de vie, carnets de voyage, peintures et dessins, lecture et écriture, au fil des correspondances poétiques.
  • Contact

Les images et les textes .

Les images et les textes de ce blog sont protégés par la législation en vigueur sur la propriété intellectuelle. Ils ne peuvent être reproduits ou utilisés de quelque manière que ce soit sans autorisation écrite préalable de l'auteur.

Recherche