La déesse Electricity
Généralement en Asie, les poteaux électriques sont de véritables sculptures. Le Rajasthan a les siennes, remarquables. Chaque fil retrouve son chemin et rien n’explose. Aucune photo n’est possible sans que des fils électriques n’en découpent l’espace. Choqué, le cerveau les occulte, on ne les voit plus, et pourtant c’est beau. Quand tous les fils se rejoignent, ils forment des arbres comme des banians, aux multiples racines aériennes, qui s’élancent à la conquête du monde et partent fonder ailleurs d’autres arbres semblables. Ils tracent des courbes le long des murs, s’enchevêtrent en gribouillis, se nouent, se dénudent, se dédoublent, entrent par une fenêtre, sortent par une porte, se pendent par paquet, s’arrêtent brutalement. Ces connections électriques feraient trembler n'importe quel électricien occidental. Et pourtant les néons s’allument.
Dans ces beaux arbres électriques, l’entropie de la matière absorbe la logique scientifique. Goulûment.