Faire l’amour en Inde, au berceau du kamasutra, dans les chambres des hôtels de « catégorie bon marché » selon la classification du guide, entre les rideaux trop courts et les portes mal jointes, sous la lumière romantique des néons, au chant des télévisions populaires.
Tu étends avec soin ton drap blanc sur le lit douteux pour qu’on s’y couche.
Les gravures du kamasutra t’étonnent ; tu ignorais toutes ses possibilités.
Mais quel est le plus surprenant ? L’architecture compliquée des acrobaties ? ou l’impassibilité de tous ses corps emmêlés, ces sourires tranquilles que rien ne chavire, ces grands yeux qui ne se ferment pas sur le mystère ?
Dans les havelis, derrière les portes des espaces intermédiaires, là où les mondes des hommes et des femmes se touchent, je découvre des peintures érotiques bien dissimulées. Les visiteurs ne les voient pas, les guides n’en parlent pas.
Dans les temples je cherche les sculptures où les corps se pénètrent. Elles sont usées d’avoir été trop caressées.
Je te dis que le sexe est au centre du corps comme au centre du monde. Ton rire éclaire la nuit. Ancrés l’un à l’autre, nous tombons du ciel comme les oiseaux.