Le fil,
c’est plutôt doux,
de coton, de laine, de soie,
plutôt inoffensif.
Mais on ne se méfie jamais assez des aiguilles.
Le fil
est une ligne qui court,
qui suit un dess(e)in dans l’espace.
Il relie
la mère et l’enfant, le bateau à l’ancre, le poisson et le pêcheur, Tarzan à l’arbre, Ariane et Thésée, le chien à sa maîtresse, …tant de choses.
C’est lui qui donne un sens
à l’entropie de la matière ;
Il limite, et il enferme aussi.
Le fil
fait des nœuds.
S’il est malmené, il se renfrogne en imbroglio indémêlable :
il faut trancher.
S’il est bien tourné, il accroche solidement les morceaux épars :
il tient serré ce qui se défile.
Il raccommode tout le monde.
Le fil
tisse une toile,
le piège arachnéen de l’araignée
ou le voile sur le mystère sacré
ou la cotonnade d’une robe d’été.
La ligne s’étale en surface.
le fil
définit l’espace :
il est la trace de l’abscisse et de l’ordonnée
entre lesquelles se déploie
la feuille de papier.
Fil de chaîne et fil de trame
tendus entre ciel et terre,
il indique l’ascension spirituelle
et la course du temps,
la croix qui écartèle.
Toujours l’homme est pris dans les fils,
de la destinée ou de l’électricité,
les fils barbelés et les fils à la patte.
D’ailleurs, quand tout ne tient plus qu’à un fil,
il a peur.