Dans les carnets il y a des collisions. Des collisions de choses et des collisions de temps. Des accrochages temporels.
Ces mouettes, je les ai dessinées devant un tableau de Lapicque, assise par terre dans les allées du musée des beaux arts de Dijon avec mon amie-sœur Christine, que j’ai perdue depuis, comme tant d’amours précieuses. J’avais peut-être 15 ans.
J’ai gardé longtemps ce dessin en souvenir, et pour ne pas le perdre davantage, je l’ai cousu dans un carnet. Et puis un jour de décembre, Mathieu joue imprudemment de la batterie devant moi, et par le hasard des pages ouvertes, se retrouve emporté sur les ailes de ces mouettes qui ont presque son âge.
Tant d’années de vie entre ces deux dessins que relient le carnet et la trace du pinceau.
Ca fait rire Mathieu, qui aurait préféré des canards.