J’ai lu tous les contes de fées avant que Walt Disney n’en fasse de la guimauve pastel à l’eau de rose. Question de génération. Quelque années de moins et j’aurais vu la vie autrement. Car les contes ne sont pas tous tendres, et, petite, je trouvais qu’on aurait pu quand même m’épargner certains épilogues, eu égard à mon statut d’enfant.
La petite sirène d’Andersen, la plus jeune fille du roi des mers, n’avait que 15 ans lorsqu’elle a donné son corps, sa voix, sa vie pour pouvoir aimer son prince. Dans la souffrance et la solitude, elle est morte d’amour pour un homme qui n’a rien compris, (il faut bien le dire), (pour les réclamations, voyez avec Andersen). Sa passion perdue la condamne aux yeux de tous, de la société et de Dieu, à n’être plus qu’un souffle errant.
« Tout le monde l’applaudissait et, à la vérité, jamais elle n’avait dansé si merveilleusement ; il lui semblait que ses petits pieds étaient déchirés par des lames, mais la souffrance de son âme était si grande qu’elle était insensible à l’autre. Elle savait bien qu’elle voyait pour la dernière fois celui pour qui elle avait laissé sa famille et sa maison, donné sa voix et souffert chaque jour sans qu’il s’en fût jamais douté. C’était la dernière nuit qu’elle respirait le même air que lui, qu’elle contemplait la mer et le ciel parsemé d’étoiles. Une nuit éternelle sans rêve, sans pensée, l’attendait, elle qui n’avait pas d’âme (…) »
Le conte de la petite sirène est un désenchantement du monde.
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Une histoire banale d’incommunication et d’inégalité des sexes, traitée à la manière morale, tragique et mortifère du XIXè siècle : les filles, méfiez-vous des garçons.
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Barbie, parce qu’elle est à la fois une princesse et une fille de rien, a un habit de petite sirène : une queue de poisson et un soutien-gorge en forme de coquillage.
J’ai imprimé Barbie dans le rôle de la petite sirène.
Entre la fluidité de la queue de poisson et la rigidité des jambes tendues aux pointes tirées prêtes à enfiler des talons aiguille, il y a un peu de cette tension terrible qui a déchiqueté la petite sirène.
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