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Dans la forme du carnet, il y a un dos mais pas de devant. Le carnet ne vous regarde jamais en face, au mieux de côté.
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Dans la forme du carnet, il y a forcément du temps. Le carnet est une tartine de temps bien étalé.
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Le carnet s’ouvre et se ferme comme une bouche, un coquillage, les ailes d’un oiseau, un sexe de femme.
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Le carnet c’est comme les ouvrages de jeunes filles, ça occupe les mains.
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Le carnet est une forme de stockage du temps qui s’auto-recharge quand on s’en sert.
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Le carnet est un médicament complexe qui convient à l’obsessionnel ; en revanche il aggrave l’état du paranoïaque ; il est sans effet sur l’hystérique.
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Faire un carnet c’est faire le chat. Ou bien l’écureuil.
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S’ouvre le carnet comme un écorché expose ses entrailles (sur une gravure du XVIIème siècle).
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Le carnet peut contribuer à réaliser deux fantasmes humains : la vie éternelle et la remontée du temps.
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Il faut se méfier du carnet.
De dos, il est clos.
De plat, il est étale.
De tous les autres côtés, la tranche de la page est le fil de la lame.
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Entrez dans mes carnets comme dans les maisons que je n’ai pas. Ouvrez les portes, trouvez votre chambre.
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Un carnet, c’est fait de plis et de creux, c’est plein de fentes et d’arêtes. Et pourtant, les hommes ne lui ont pas donné un nom féminin.
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