Les Plumes et les Elles sont issues d’impressions sur papier chinois marouflées sur toile. Ces impressions uniques – ou monotypes – sont faites, dans le cas des Plumes, à partir d’une plume d’oie enduite d’encre de Chine ou de peinture acrylique, et pressée sur le papier. Les Elles sont tirées d’une plaque de carton plastifié sur laquelle un fil cousu dessine la ligne. Elles sont ensuite habillées de pièces de tissu imprégnées de couleur et appliquées sur leur corps. Dans chaque carré de quatre Elles, une partie différente du corps de chacune est ainsi « impressionnée ».
Une seule Elle est restée nue.
Imprimer, c’est coller puis décoller, unir puis séparer deux corps. La matière se partage entre les deux, comme entre les amants, entre la mère et l’enfant. Chacun laisse des bouts de soi à l’autre. Des deux côtés - la plaque originale et le papier imprimé - il y a une beauté, à la fois identique et différente. L’une regarde l’autre dans un miroir et inversement. On peut faire plusieurs passages, mais le support finit par s’user, il tombe en lambeaux, comme le cœur et le corps.
Imprimer, comme faire l’amour ou enfanter, c’est laisser la matière créer. Puis à un moment donné, prendre une décision.
Les Plumes et les Elles sont nées dans mes carnets quotidiens. Elles étaient accompagnées des textes que je lisais au moment de leur apparition. Je ne sais qui des mots ou des images a généré l’autre, et j’ai gardé les mots de Patrick Chamoiseau (Biblique des derniers gestes) et de Jean Genet (Notre-Dame des Fleurs) sur la toile.
[les tableaux de cette série sont visibles dans l'album photo correspondant situé à droite de l'écran]