J’ai attendu si longtemps la Chine.
Autrefois j’apprenais les caractères chinois. Je lisais la pensée des taoïstes. Je peignais avec les pinceaux et l’encre de la Chine. J’attendais la Chine.
Et maintenant que je ne l’attends plus, elle s’ouvre.
Mais
C’est si loin, la Chine.
Plus de dix heures de vol vers le soleil levant.
Te quitter dans ces moments d’incertitude et retrancher un mois au temps.
Ne t’inquiète pas.
J’emporte ma fatigue qui pèse aux épaules, ma lassitude au bord des yeux.
Tout poser là et retrouver tout en revenant.
N’être présente qu’à l’instant.
Va.
Il faut voyager léger. Oublier ce que l’on perd.
Car il va faire chaud
A l’autre bout du monde.
Puisqu’il faut partir.
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Pékin : arrivée sous un ciel lourd de blanc sale. L’air opaque pue. J’avale de la crasse. Je ne vois pas le sommet des grattes ciel. Il pleut de la poussière grise. On dirait la fin du monde.
Le quatrième périphérique fait cent kilomètres. Il y a six périphériques. Cercles d’enfer.
Crépusculaire la lumière agonise.
Le jour meurt avant d’avoir vécu.
J’ai une angine de tristesse.
Carnet des pins 16
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