Mon grand père aimait les arbres. Il a travaillé dur toute sa vie, devant sa forge dès le petit matin, sans vacance et sans voyage. Il a rempli tous les devoirs dont il s’estimait chargé sans chercher à s’esquiver.
Mais, de temps en temps, il disparaissait une journée entière dans les bois. Ma grand-mère lui préparait un sac avec un repas, un vêtement chaud, et le laissait partir. Moi, petite, je sentais bien qu’il s’échappait, qu’il quittait le monde fatigant des hommes pour entrer dans le temps murmurant des arbres. J’aurais voulu qu’il m’emmène. Je pensais qu’il allait voir les elfes et les fées. Je savais que c’était dangereux et magnifique à la fois.
Pendant toute une journée on le perdait.
Au soir il revenait, silencieux. A mes yeux d'enfant, il avait cent ans.