A cause de cela, (…) je voudrais être l’os (…).
Hervé Guibert
Le mausolée des amants
Le dimanche suivant arriva en effet Rebecca.
Elle n’avait pas dépassé onze ans. (…)
Pour tous bagages, elle avait une mallette d’effets personnels,
un petit fauteuil à bascule en bois décoré à la main de petites fleurs multicolores,
et une sorte de sacoche en toile goudronnée
qui faisait un bruit continuel de cloc-cloc-cloc,
dans lequel elle transportait les ossements de ses parents.
Gabriel Garcia Marquez
Cent ans de solitude
Les os
Les eaux
- ce qui reste de nous
après nous
des os
des mots
- ce qui nous porte
C’est l’immortel, le pur, le blanc
malgré les couleurs de peau, les mêmes os pâles
deux cent six os posés en souvenir de nous
dans un point du cosmos
L’os dur au creux du mou,
la charpente, les piliers de la tente
Et pourtant la souplesse des os
tordus
par la vrille des émotions
bossus
sous le poids des regrets
L’os a un cœur d’éponge sous une écorce d’arbre,
il sèche de vieillesse sans amour,
il se brise d’un instant de désespérance,
il tresse la dentelle fragile de l’ostéroporose
qui orne le squelette des aériennes
Osselet se cache dans la carcasse
Mais sous la peau l’os ose un signe
ostensible
La première chose de l’intérieur
que l’homme vit de lui
quand il gratta jusqu’à l’os ;
il cherchait la raison de son malheur sur Terre :
il tomba sur un os.
L’origine et la fin :
en poussière d’os
tombent les sourires éternels des crânes.